Compte-rendu de la réunion
Paris,
19 Février 1996
Prévue initialement pour regrouper
quelques chercheurs autour d'un thème de travail, cette réunion a connu, de fil
en aiguille, un certain succès. En effet, ce sont finalement plus de quarante
personnes qui se sont retrouvées à Paris, lundi 19 Février dans la salle de
réunion du LMM à l'Université P. et M. Curie, pour une prise de contact
destinée à préparer une action
collective sur le sujet. Le titre en a été légèrement modifié pour éviter toute
ambiguïté.
De 10h30 à 16h30 (avec une pause pour
le déjeuner), seize exposés ont permis de prendre connaissance de l'activité
développée par les laboratoires représentés à cette réunion. Un court résumé,
vous est proposé ci-dessous.
D. Leguillon (LMM,
Paris), après une brève introduction, a présenté diverses facettes de
l'activité du LMM, problèmes de régularité liés à la modélisation des
interfaces souples, étude de la stabilité d'une fissure d'interface,
généralisation de la mécanique de la rupture fragile par les singularités,
analyse asymptotique du collage des plaques.
J.L. Billoet
(LM2S/ENSAM, Paris) a exposé deux directions de recherche empruntées dans son
laboratoire, une étude fine de la variation du taux de fibre dans les
interfaces des matériaux stratifiés, et les problèmes d'absorption d'humidité
préférentiellement le long des interfaces.
J. Von Stebut
(LSGS, Nancy) a parlé du traitement et de la modification des surfaces pour des
applications tribologiques et des tests
correspondants (rayure et indentation), ainsi que d'une méthode de
caractérisation des modules élastiques intrinsèques d'un revêtement.
J.L. Chaboche
(ONERA, Chatillon) a présenté un des soucis du département
Structure : les fissures se propageant dans
des couches d'oxyde entre un substrat et un revêtement céramique, les outils
utilisés regroupent : effets de bords, singularités, mécanique de
l'endommagement.
E. Felder
(CEMEF, Sophia Antipolis) a discuté des problèmes de mise en forme étudiés dans
son laboratoire et en particulier d'une description correcte des interactions
avec les outils (adhérence, glissement, frottement).
C. Hochard
(LMT-Cachan) a présenté les travaux du LMT sur la dégradation des composites
stratifiés et les problèmes liés aux phénomènes de localisation de
l'endommagement. Un modèle avec effet de retard joue le rôle de limiteur de
localisation.
B. Lay
(LMS/INSA, Lyon) a proposé un calcul en grandes déformations plastiques,
incluant des phénomènes de décohésion à l'interface fibre/matrice, permettant
de simuler notamment des expériences de pull-out.
J. Lemaître (LMT,
Cachan), pour clore la matinée, a présenté tout d'abord une étude analytique
des singularités régnant à l'émergence d'une fibre hors d'une matrice, puis une
deuxième étude, sur des problèmes de déviation de fissure par une interface, en
fatigue.
A. Danescu (ECL,
Lyon) a repris les exposés de l'après-midi par une présentation des
modifications nécessaires de la théorie de la lubrification pour l'étude des
films minces (quelques nanomètres). Une deuxième étude sur les incompatibilités
de maille rencontrées dans la réalisation de composants électroniques a
également été exposée.
M. Rousseau (LMM,
Paris) a présenté une étude menée conjointement avec le LAUE du Havre pour prendre
en compte les tensions de surface afin de caractériser l'adhérence.
L'identification de cette grandeur pourrait être réalisée par des procédés
acoustiques.
F. Lecuyer
(Bertin et Cie, Plaisir) a mentionné quatre grandes préoccupations de sa
société dans le domaine des interfaces : initiation du délaminage, tenue
mécanique des interfaces fibre/matrice, procédés acoustiques pour l'analyse des
interfaces, collage.
C. Licht
(LMGC, Montpellier) a proposé une analyse mathématique des problèmes limites
obtenus lorsque l'interface est considérée comme infiniment mince. Les non
linéarités de comportement et d'origine géométrique sont prises en compte.
F. Bilteryst & R. Abdelmoula
(LPMTM, Villetaneuse) ont présenté les travaux menés dans cette équipe :
formulation globale d'un problème de propagation d'une décohésion d'interface à
partir de l'énergie de déformation et de l'énergie de surface, étude de la
propagation d'une rupture matricielle avec pontage de fibres.
E. Martin (LGM,
Bordeaux) a présenté les grands thèmes abordés dans son laboratoire :
simulation des procédés d'élaboration, comportements thermomécaniques, calcul
et dimensionnement des structures. Il a complété sa présentation par une étude
sur la déviation des fissures par
une interface en présence de
chargements thermomécaniques.
M. Raous (LMA,
Marseille) a proposé un travail sur la résolution numérique d'un problème de
couplage frottement/adhérence. Il permet d'évaluer l'influence réciproque de
ces paramètres. D'autres études, et en particulier les travaux de J.C. Michel
et P. Suquet ont été évoqués.
J.C. Sangleboeuf (LMS,
Palaiseau & ONERA, Chatillon) a terminé cette série de présentations avec
un point de vue plus expérimental du sujet. Des études qu'il a proposées
portent sur la caractérisation mécanique des interfaces, la détermination des
paramètres influençant le comportement, et la fissuration matricielle
(nucléation et coalescence).
Prévue en fin de journée, la table
ronde a rapidement permis de préciser
quelques lignes de l'action future. Quatre
réunions thématiques ont été retenues :
-
Adhésion, collage (M. Rousseau), Paris, 6 Mai 1996 (à
confirmer),
-
Interface fibre/matrice (M. Raous), Marseille, mi-Juin,
-
Amorçage du délaminage (E. Martin), Bordeaux, début Octobre,
-
Singularités (D. Leguillon), Paris, fin Novembre.
On peut envisager, par la suite, des
journées autour du délaminage d'une part et de la rupture transverse d'autre
part, le choix de nouveaux sujets restant par ailleurs ouvert. Il a été
suggéré, également, que ces
réunions aient un caractère didactique
affirmé et puissent réunir dans une même journée des théoriciens, des
numériciens, des expérimentateurs et des industriels.
Issue d'une initiative personnelle,
cette première réunion constituait un prolongement du colloque Mécamat d'Aussois
(1995), il semblait donc tout à fait naturel de solliciter auprès de R.
Billardon, président de Mécamat, l'inscription de notre activité dans ce cadre.
Cependant, il est clair que ces réunions s'adressent à la communauté
mécanicienne toute entière et qu'en particulier il est vivement souhaitable d'y
associer l'AMAC, regroupant des spécialistes des matériaux composites. Contact
a été pris avec O. Allix afin d'établir ces relations. Enfin l'aspect calcul
des structures constituant une part importante des préoccupations, comme l'a
révélé cette première réunion, un
rapprochement avec la CSMA peut également être envisagé.
D. LEGUILLON